lundi 26 mai 2008

De Retour à Paris

Après 88 jours et 88 nuits passés en Inde, nous sommes finalement revenus à Paris le 03 Mai, le cœur et l’âme marqués à jamais par ce Voyage, et les valises alourdies de 75 heures de rushes, promesse de plusieurs mois d’un travail auquel nous nous sommes déjà attelés. Ces 75 heures sont composées de scènes de nature différentes, que l’on peut regrouper en quatre familles.

Des entretiens en marathi, réalisés dans les villages du Konkan au sud de Bombay, avec des personnages qui donneront une idée de ce que la vie des Bene Israel a pu être pendant des siècles : Jacob Dandekar, vieux hazzan de la synagogue d’Alibag, habitué à prier seul ; Levi Wakrulkar, en charge d’égorger poulets et agneaux selon les lois de la cacheroute, et le boucher chez qui il effectue sa tâche ; son fils Aadiel, le plus jeune Bene Israel de la région, et ses amis fans de cricket.
Des entretiens en anglais réalisés à Bombay, avec nos personnages Bene Israel et leurs amis non juifs : Sharon et Sharona, trentenaires religieux, en instance de départ vers Israël – ils sont nos personnages principaux ; Dev, le meilleur ami de Sharon, activiste auprès des jeunes de bidonvilles ; Natasha Joseph, licenciée en Littérature et Psychologie et jeune employée du Jewish Community Center (JCC) ; ses trois amies (une chrétienne, deux hindoues) Namrata, Ketaki et Priya, viscéralement attachées à l’Inde ; ses parents M. et Mme Joseph ; la directrice du JCC, Leora Ezekiel ; deux jeunes volontaires du JCC, Adir et Meirah Bhastekar ; le secrétaire de l’Agence Juive à Bombay, M. Daniel Samuel.


Des scènes de vie quotidienne et liturgique : au travail, à la maison, dans les transports en commun, priant à la synagogue, préparant et célébrant Pourim, égorgeant un poulet, jouant au cricket, etc.
Des prises de vue de Bombay et du Konkan, montrant tant la beauté que la brutalité de cette ville gigantesque, et l’étonnant mélange médiévalo-moderne de la région.


Le soir de notre départ, à la fin d’un dernier mois de travail très intense, nous pouvions nous féliciter d’avoir recueilli presque tout ce que nous avions espéré. Seule la cérémonie de Pessah (la « Pâque juive ») aura échappé à notre caméra, car, comme nous l’avons appris sur place, la religion interdit de filmer lors des deux premières journées de la fête.

Avant de nous envoler pour la France, notre sentiment de gratitude était immense. Cette expérience humaine, professionnelle et spirituelle n’a été possible que parce que nous avons rencontré des personnes généreuses, des familles qui nous ouvert les portes de leurs maisons comme de leurs cœurs, qui ont accepté de partager – à voix haute et devant la caméra de deux jeunes occidentaux – des questions parfois douloureuses, des vérités indigestes, mais aussi des espoirs et des rêves. Notre espoir est de ramener un film qui permettra aux spectateurs de vivre un peu de ces moments, de ces dîners, de ces discussions, qui pour longtemps encore résonneront contre les parois de nos âmes.

La satisfaction de ce séjour a aussi reposé sur notre collaboration fructueuse avec Savitri, notre collaboratrice sur place, qui du premier au dernier jour a compris l’esprit du projet, y apportant sa touche d’intelligence et de malice, et sur notre familiarisation avec notre environnement, où du vendeur de chaï à l’employé de la guest house l’accueil aura été d’une chaleur merveilleuse.


Depuis deux semaines nous avons entamé un travail de fond consistant à digitaliser les cassettes (c’est-à-dire à transférer leur contenu sur des disques durs) et à retranscrire la trentaine d’heures d’entretiens en anglais. Ce labeur, long et minutieux, nous permet de rentrer en profondeur dans le contenu de ces discussions et ainsi d’en sélectionner les parties les plus poignantes. D’ici une dizaine de jours nous commencerons à sélectionner les rushes pour n’en garder que les parties utilisables, puis les meilleures portions. Alors nous pourrons travailler à l’ossature du film et à l’enchaînement des séquences.

Revenir sur ces entretiens nous rappelle aussi la chance que nous avons eu de rencontrer ces personnes-là. Sur un groupe de 4000 personnes, il n’était pas évident de savoir qui exprimerait le mieux les problématiques contemporaines de la communauté, et notre choix s’est finalement porté sur des personnages actifs, dévoués à la cause des Bene Israel, et tiraillés par des perspectives différentes.

Finalement, la diversité de ces trajectoires et de ces images nous donne la matière pour faire un film qui couvrira trois thèmes différents :
• la nature du Judaïsme, les particularités inhérentes à la diaspora du peuple juif et le rapport à Israël
• le questionnement profondément humain entre rapport spirituel au créateur et attachement à une ou plusieurs terres
• les transformations de l’Inde, un pays fascinant tant par ces traditions que par sa façon d’embrasser le XXIème siècle




Nous aimerions conclure ce blog en remerciant toutes les personnes qui nous ont soutenu tant financièrement que moralement depuis cinq mois. Grâce aux nombreuses donations et multiples encouragements reçus lorsque nous étions en Inde, ce projet a pu être réalisé et notre enthousiasme sans cesse revigoré. Merci à tous du fond du cœur.


lundi 14 avril 2008

Des nouvelles et une video

Chers tous,

Milles excuses ! Nous n’avons pas donné de nouvelles depuis bien longtemps, pour la simple (et rassurante) raison que notre tournage s’est intensifié depuis une dizaine de jours. Après deux mois de rencontres et de creusage de méninges, nous nous sommes concoctés un mois d’avril bien chargé qui nous a éloigné de nos claviers et appareils photos.

Pour nous faire pardonner nous avons préparé une courte vidéo de ce que nous venons de tourner dans la région du Konkan, berceau des Bene Israel depuis 2000 ans, et plus précisément dans la ville d’Alibag.


Nous y avons interviewé le hazzan de la communauté, Jacob Dandekar, 76 ans, qui trois fois par jour prie seul sur son autel. De fait, il ne reste plus que cinq familles Bene Israel a Alibag, qui ne viennent à la synagogue que pour les fêtes importantes. Être le témoin d’une telle scène laisse pantois. D’un cote, le voir perpétuer des rites juifs dans ce petit coin perdu de l’Inde est sublime, mais de l’autre, la solitude de ce vieux monsieur n’ayant personne à qui souhaiter « shabbat shalom » le samedi matin brise le coeur. Nous avons demandé à M. Dandekar de nous guider à travers le cimetière de Navgaon, un lieu-dit où auraient débarqué les ancêtres des Bene Israel. Ce fut l’occasion de revenir sur les prémisses de la communauté, une séquence que nous intégrerons au début de notre film pour y donner une profondeur historique.

Voici un extrait de cette scène, montée depuis notre chambre à Bombay et donc loin de la version finale :



Nous avons aussi interviewé Levi Wakrulkar, propriétaire d’un magasin de glace situé dans une rue appelée « Israel Lane » en référence aux nombreuses familles juives qui y résidaient encore récemment. Nous sommes revenus avec lui sur l’histoire récente d’Alibag, où sa famille est installée depuis sept générations, et sur l’émigration de masse vers Israël des années 50 et 60. Aujourd’hui, son fils Adiel, âgé de 15 ans, est le plus jeune juif de toute la région.

Si nous comptons retourner une dernière fois à Alibag, le reste de notre tournage se déroulera à Bombay. Nous continuerons à passer du temps avec nos personnages principaux, Sharon et Sharona Galsulkar, et Natasha Jospeh. Lors de ces quatre semaines nous les filmerons à travers différentes situations et interactions : au travail, chez eux, avec leur famille, leurs amis, dans les rues de Bombay, à la synagogue, pendant Pessah, pour Yom Hashoah, etc.

Nous nous sommes intéressés à ces personnes-là car elles ont en commun de prendre une part active au sein de leur communauté, avec l’espoir de la faire évoluer. Mais de ce terreau commun ils ont construit des parcours singuliers. Si Sharon et Sharona ont épousé des pratiques religieuses orthodoxes, Natasha ne croit pas aux prières. D’autre part, ils ne nourrissent pas les mêmes rapports à l’Inde et à Israël. Enfin, Sharon et Sharona sont les parents de deux petites filles et doivent faire leurs choix en conséquence, tandis que Natasha est à l’orée de sa vie de femme.

Si le temps nous le permet, nous essaierons d’écrire une dernière chronique depuis Bombay ; mais si le tournage s’avérait trop prenant, nous vous demandons dès maintenant de bien vouloir patienter jusque notre retour en France début mai.

Pour finir, nous voudrions partager avec vous notre expérience des fêtes hindoues Holi et Rang Panchami, qui célèbrent le premier jour du printemps. Pour communier lors de ce renouvellement de la vie après l’hiver (qui ne ressemble certainement pas au désert de grisaille et d’arbres nus que l’on connaît à Paris) les Indiens font brûler d’immenses feux de bois dans les rues le soir venu. Le lendemain, pour Rang Panchami, ils interrompent totalement la vie active du pays pour se consacrer à une gigantesque bataille d’eau et de couleurs ! À Bombay, Savitri nous a convié dans son immeuble, où, munis de pigments multicolores et de seaux d’eau, nous avons « affronté » ses voisins du dessus dans la plus grande hilarité.

C’est une véritable joie de l’œil et de l’âme que procure la traversée de ces rues où des milliers de personnes exhibent leurs corps peinturlurés avec un grand sourire. À l’heure de la mondialisation, nous devrions aussi penser à importer dans nos villes et pays cette merveilleuse façon de célébrer le retour de la vie dans la Nature.

mercredi 19 mars 2008

Une semaine chez les Bene Ephraim de l'Andra Pradesh

La semaine passée, nous avons suivi un de nos personnages principaux, Sharon Galsulkar, parti à la rencontre de la communauté Bene Ephraïm, établie depuis des générations dans la région centrale de l’Andra Pradesh.

L’été dernier, l’organisme américain Kulanu avait envoyé un rabbin et sa femme (Bonita et Gerald Sussman) chez les Bene Ephraïm. Ce sont ces derniers qui, passant par Bombay, avaient fait la rencontre de Sharon et lui avaient parlé de cette communauté perdue dans les plaines du Deccan. Pour Kulanu, avoir un éducateur juif Indien, qualifié et à quelques heures de train des Bene Ephraïm était une aubaine. Ils trouvèrent donc un arrangement avec Sharon, lui payant le voyage mais pas de salaire. Sa mission était de développer le contact avec cette communauté afin mieux comprendre leurs besoins socio-économiques d’une part, spirituels et religieux d’autre part. De notre côté, l’idée était de suivre cet éducateur Bene Israel parti re-judaïser une communauté indienne, un processus que sa communauté a elle-même connu il y a quelques siècles. Le challenge consistait en partie à ne pas se laisser happer par l’histoire, intéressante en tant que telle, des Bene Ephraïm, mais plutôt de se focaliser sur Sharon et sur son approche de la situation.


Sharon, 33 ans, est marié à Sharona, avec qui il a eu deux petites filles. Il est en charge du département « Education Juive » de l’organisation O.R.T. India, dont la mission originelle est de fournir un enseignement professionnel aux populations juives dans le besoin. Il avait le même type d’emploi à l’A.J.D.C., l’autre organisme juif implanté à Bombay, et il a donné des cours de Torah dans plusieurs synagogues. Sharon jouit d’une certaine autorité au sein de la communauté Bene Israel car il est un des seuls membres à avoir étudié en yeshiva (école talmudique) à Jérusalem et à être revenu en Inde. Sa femme et lui mènent depuis plusieurs années une vie religieuse orthodoxe, rendant souvent leur épanouissement à Bombay difficile. Ils désirent faire leur Aliyah en Israël, où leurs filles pourront bénéficier d’une éducation juive adaptée à leurs souhaits. Mais Sharon est également très attaché à sa ville et à son pays, portant une affection particulière à l’immense et richissime faune et flore indienne. Par ailleurs, ses perspectives professionnelles en Israël sont encore très incertaines.

La communauté Bene Ephraïm compte une trentaine de familles, dont la grande majorité travaille dans des champs de piments et de coton ou dans des élevages de buffles, dont le lait est utilisé pour la préparation de curd (yaourt nature) ou de lassi (yaourt sucré à boire). Sadok Yacobi, le leader de la communauté, sa femme et ses enfants sont les seuls à parler anglais. Dans l’Andra Pradesh la première langue est le telugu. Aucun Bene Ephraïm ne parle hindi, la langue officielle de l’Inde, Sharon communiquait donc avec eux via Sadok ou parfois sa fille cadette, Kezia.


Cette communauté vit à une trentaine de kilomètres de Guntur, une ville qui grandit trop vite et au sujet de laquelle il n’y a pas grand-chose à dire si ce n’est qu’elle se situe à 300 Kms d’Hyderabad, la capitale de l’état, elle-même à quelques 700 Kms à l’Est de Bombay. Le village de Chebrole, auquel ils sont rattachés, consiste en une série d’échoppes agglutinées le long d’une départementale, de laquelle partent de longs chemins de terre menant aux champs et habitations fermières. Si les bâtiments résidentiels et commerçants sont relativement laids et sans intérêt, le paysage de la région est sublime, offrant au spectateur une grande palette de verts, de jaunes et d’oranges. La vie animale, la végétation ou encore les saris multicolores des femmes animent ce décor apaisant à mesure qu’on s’éloigne de la route.


Du point de vue de la judéité, les Bene Ephraïm seraient des Juifs implantés en pays telugu depuis de nombreuses générations. Comme les Bene Israel, ils auraient perdu tout ou presque de la pratique juive, mais pas la croyance en leur appartenance à un peuple dont l’origine n’est pas en Inde. Il semblerait que pour un certain temps, et ce jusqu’au début du XXème, ils aient suivi les préceptes chrétiens, sans pour autant oublier leurs racines. Notamment, ils auraient toujours pratiqué la circoncision de leurs garçons et auraient toujours mangé de la viande de bœuf, un sacrilège en pays hindou. Depuis plusieurs générations, ils vivent à l’écart de la majorité, côte à côte avec la caste des intouchables. Enfin, fait notable, ils ne travaillent pas le samedi, alors que la plupart d’entre eux sont des fermiers extrêmement pauvres. Leur re-judaïsation récente est le fait du grand-père de Sadok, puis de son père et enfin de son frère aîné et de lui-même.

Nous avons logé chez Sadok, dont la maison, rénovée en 91 grâce à des fonds américains, sert aussi de synagogue pour la communauté. Tous les soirs, Sharon réunissait les enfants, âgés de 5 à 15 ans, à qui il enseignait quelques éléments de judaïsme à travers des dessins, des chants mais aussi l’observation de la faune et de la flore. A 20h les adultes venaient écouter des cours portant sur le monothéisme, les mitzvotz (prescriptions) ou le calendrier juif.



Ce n’est pas en six jours que Sharon aurait pu véritablement sonder les besoins de la communauté, et encore moins élaborer des solutions. Cependant, lors d’une interview filmée il déclara que la solution idéale serait d’envoyer la communauté entière en Israël. L’état Hébreux ne reconnaissant pas leur judéité, cela ne risque pas d’arriver tout de suite. Qui plus est, pour des fermiers ne parlant que telugu, le doute est permis sur leurs chances de promotions sociales en Israël.

D’un point de vue humain, ce séjour restera inoubliable. Nous avons été accueilli avec une grande hospitalité et générosité. La famille de Sadok nous a traité comme si nous étions des leurs, préparant pour nous petit-déjeuner, déjeuner et dîner, sans oublier les nombreux chaï (thé) ponctuant la journée typique d’un Indien. Et pourtant, ces gens sont loin d’être riches. Par ailleurs, écouter leur Shéma Israel retentir et monter au ciel depuis le fin fond de l’Inde, témoignage d’une ferveur sincère et pleine d’espoir, nous laissa béats d’émotion.

jeudi 6 mars 2008



Cela fait exactement un mois que nous avons mis le pied à Bombay, Mumbai de son nouveau nom. Ce seul fait symbolique eût été une bonne raison de faire un bilan. D’autres chiffres ronds et surtout le sentiment d’avoir clos un premier chapitre nous amènent à partager avec vous un point sur l’avancée de notre projet.
Quatre semaines exactement depuis notre arrivée le 5 Février, et à ce jour le website du projet (www.NextYearInMumbai.com) a été visité plus de 1000 fois ! Il semble que le mot passe, et au-delà des cercles amicaux et familiaux nous avons des lecteurs au Brésil, en Australie, en Israël ou encore au Canada. Savoir que tant de gens s’intéressent au projet et suivent nos aventures nous donne d’autant plus envie de faire le meilleur documentaire possible, de trouver la plus poignante des manières de partager l’histoire des Bene Israel.
Beaucoup de personnes ont également manifesté leur soutien à travers des donations : c’est avec beaucoup de fierté que nous pouvons annoncer avoir reçu 4300€. Outre l’évidente aide financière que cela représente, cette générosité nous encourage également beaucoup, renforce notre conviction que ce film doit être fait.
Nous tenons donc à remercier chacune et chacun d’entre vous, donatrices, donateurs, lectrices, lecteurs, amies, amis, pour votre soutien à cette aventure. Une aventure qui suit son chemin et entre dans une nouvelle étape.

Lors de ces quatre semaines nous avons pu confronter nos idées, hypothèses et autres plans élaborés depuis l’Occident à la réalité des Bene Israel en Inde. Au gré des rencontres, des lieux visités, des balades dans Bombay, des cérémonies auxquelles nous avons été conviés (la dernière en date étant une Bar-Mitzvah, v. photo), notre point de vue s’est petit à petit affûté.
Nous avons le sentiment de maîtriser correctement les trames historique et contemporaine de cette communauté, et sommes prêts à réaliser un documentaire portant le regard de nos personnages mais aussi le nôtre. Nous commencerons ainsi à filmer des interviews dès cette semaine.
En attendant, voici ce que nous pouvons raconter des Bene Israel. Arrivés en Inde vers 175 av. J.-C., les Bene Israel sont les descendants de Juifs ayant perdu une grande partie de leur savoir spirituel et religieux lors de circonstances ayant pu être un naufrage. À travers une vingtaine de siècles et quelques 80 générations ils ont maintenu et perpétué ce qu’ils pouvaient de leur Judaïsme, tout en absorbant progressivement des éléments de la vie sociale et religieuse de l’Inde. Aujourd’hui encore, des signes de cette profonde intégration sont palpables : du système de castes aux offrandes de noix de coco, les Bene Israel offrent un témoignage unique du processus d’assimilation des Juifs en Diaspora. Sans synagogues jusqu’au XVIIIème siècle et presque aucun rabbin jusqu’aujourd’hui, ils ont réussi à se transmettre des rudiments de Judaïsme (circoncision, congé le samedi) et la foi dans leur appartenance à un peuple et à une terre lointaine.

Ces juifs très indiens ont vécu dans la région du Konkan – la côte au Sud de Bombay – jusqu’à ce que la capitale du Maharastra devienne un pôle d’attraction aux yeux doux. L’exode rural fut plus tard doublé par les chants d’une autre sirène, ceux du « pays où coule le lait et le miel », la Terre Promise, Israël. Ainsi ne compte-t-on plus aujourd’hui que 150 Bene Israel dans le Konkan, près de 3500 dans Bombay et ses banlieues, et un moins d’un millier dans le reste de l’Inde.

À la création de l’Etat Juif en 1948, la communauté Bene Israel comptait environ 35'000 personnes en Inde, il en reste donc sept fois moins soixante ans plus tard. Selon les sources, entre 50'000 et 70'000 d’entre eux vivent maintenant en Israël.
Il nous a été difficile de comprendre ce qui poussa l’immense majorité de cette communauté à quitter un pays où elle n’avait jamais souffert de discrimination. Plusieurs raisons, parfois conjuguées, semblent avoir motivé ce départ : le désir de retrouver leur terre originelle (v. la métaphore de Krishna dans la troisième chronique) ; des meilleures perspectives économiques que dans l’Inde des années 50 ; l’attirance nourrie de fantasmes pour un mode de vie occidental ; un meilleur système de couverture sociale et d’éducation.


Au rendez-vous des promesses, l’eldorado espéré leur a d’abord posé un lapin. Outre l’adaptation difficile à un nouveau style de vie, les Bene Israel souffrirent de discriminations raciales et de scepticisme quant à leur judéité. Mais la boule-de-neige avait commencé a dévalé la pente, les familles restées en Inde virent fondre le contingent de potentiels époux pour leurs enfants. La migration se poursuivit, ne diminuant finalement que dans les années 90. Depuis, le nombre de Bene Israel quittant l’Inde chaque année est inférieur à 100.

Notre film documentaire s’intéresse à ces familles qui sont restées, à ces jeunes qui continuent à grandir en Inde, et dont la réalité diffère largement de celles de leurs ancêtres. Les progrès dans les moyens de communication et de transport leur ont donné accès à des informations sur le reste du monde juif et les ont ouverts à différentes interprétations du judaïsme. Après avoir fait survivre leur identité par la répétition fervente de rites religieux, les Bene Israel ont enfin les outils de compréhension et de réflexion nécessaires pour interroger leur pratique, soulignant le manque d’options spirituelles au sein de leur communauté. Outre le petit mouvement libéral (Jewish Religious Union), né dans les années 20, la plupart des congrégations continuent à suivre des traditions orthodoxes, mettant peu l’accent sur le sens des prières et de la Torah.
La question de la migration ne se pose plus de la même manière que pour ceux qui ont quitté l’Inde en bateau dans les années 50. Aujourd’hui, la plupart des jeunes Bene Israel a foulé la plage de Tel-Aviv au moins une fois. Ils peuvent y comparer leur style de vie et voir que le nombre de fiancé(e)s potentiel(le)s y est bien plus grand que chez eux. Mais l’Inde, en pleine mutation, est devenue un moteur de l’économie mondiale au taux de croissance jalousé. Vouloir y construire sa carrière semble aujourd’hui un pari logique.

Un savoir accru, des voyages abordables, un pays qui se modernise : cette redistribution des cartes pousse aujourd’hui les Bene Israel à redéfinir leur identité judéo-indienne. Les raisons de partir ou de rester ne sont plus les mêmes, les dilemmes ont évolué. Chaque individu y répond différemment, et notre documentaire se fera la voix de perspectives différentes. Être Juif et Indien en 2008 ? Il nous reste maintenant deux mois pour que ces profondes questions identitaires soient partagées depuis Bombay à travers le reste du monde. Moteur ? Ça tourne !


lundi 25 février 2008

Troisieme Semaine


Notre troisième semaine à Bombay touche à sa fin, de même que notre première ronde de repérage et de rencontres au sein de la communauté Bene Israel.

Benjamin Isaac, directeur de l’O.R.T., une organisation internationale fondée en Russie, nous conta l’histoire de Krishna pour parler des tiraillements de son peuple entre Israël et Inde. Adopté très jeune, Krishna était fortement attaché à celle qui le recueillit, mais gardât toujours dans son cœur un amour inconditionnel pour sa mère naturelle. Cette métaphore éclaira de sa poésie certaines des raisons pour lesquelles la majorité des Bene Israel quitta une terre où ils vécurent en paix pendant 2000 ans. Plongeant dans un autre type de dialectique, M. Isaac confessa ensuite un paradoxe très personnel : alors qu’il a lui-même épousé une Chrétienne, déclanchant l’ire de sa mère il y a trente ans, le mariage de son fils à une Catholique le chagrina à son tour.

Elijah Jacob est le directeur de l’American Joint Distribution Committee (A.J.D.C.), organisme basé à New York dont le but est d’aider les communautés juives dans le monde à se maintenir et à se développer. Leur action est prioritairement orientée vers les personnes âgées et les pauvres, mais ils élaborent également des programmes éducatifs et culturels pour adultes et jeunes. Nous avons visité la résidence pour personnes âgées Bayiti, où les neuf locataires, âgés de 60 à 85 ans, étaient autant enchantés de notre visite que nous étions touchés d’écouter leurs histoires. De manière assez comique, l’émotion de M. Elias Gawulkar se traduisait par un réajustement constant de ses impressionnantes moustaches.

Natasha Joseph est, à 20 ans, la seule jeune Bene Israel employée par l’A.J.D.C.. De père juif et de mère Hindoue convertie, elle a délaissé la pratique religieuse pour une foi dans l’activisme social, tant au sein de la communauté juive que pour l’ensemble de son pays.


C’est à Thane, située à 34kms au nord-est de Bombay, que vivent près de 2000 Bene Israel (sur les 5000 Juifs que compte l’Inde). Comme beaucoup d’autres Mumbaikars (habitants de Bombay), les Bene Israel ont progressivement délaissé le centre-ville et ses loyers trop élevés pour ces nouvelles banlieues. La communauté de Thane est la seule en Inde à avoir un rabbin, M. Abraham Benjamin, qui est également employé par El-Al, la compagnie d’aviation israélienne, pour superviser la préparation de repas casher. Le reste des synagogues Bene Israel survit avec des hazzanim (officiants de prière). Pour M. Benjamin, la pérennité du groupe ne requiert pas tant la formation de jeunes rabbins que la perpétuation des mariages intra-communautaires.

Revenons maintenant sur Bombay, dont nous avons beaucoup décrit les exubérances charmantes. Il eût certainement été agréable, pour vous comme pour nous, que cela en reste là, mais le tableau général est malheureusement bien plus terrifiant. Il faut en fait s’imaginer Bombay comme un champ de ruines et de misère où éclosent de-ci, de-là quelques roses enchanteresses. Mathias, né à Sao Paulo, a souvent entendu des Occidentaux se désespérer du cauchemar urbain que serait sa ville natale. Il la compare maintenant à un havre de paix. À la merci des bidonvilles et des promoteurs immobilier, Bombay semble n’avoir pas connu la notion d’urbanisme. Peu de trottoirs sont dignes de ce nom, sauf pour qui aime trotter entre poubelles éventrées, urine et matelas d’infortune.


Des milliers d’échafaudages en bambou servent à rafistoler provisoirement un problème inhérent au manque d’anticipation de la classe dirigeante. Chantiers, poussière et bruits perpétuels accentuent la force d’un soleil pâle, masqué par la brume, et pourtant agressif et fatigant.
Bien que tout contribue à épuiser les sens, Bombay survit grâce à l’indéboulonnable bonne humeur de ses habitants. Avec un salaire moyen inférieur à 90€ par mois, l’immense majorité d’entre eux est condamnée à vivre dans des bidonvilles aux conditions hygiéniques désespérantes, quand ils ne dorment pas dans la rue parmi les rats.


Hier, nous avons vu par mégarde deux hommes déféquer en plein air, qui comme six millions de Mumbaikars n’ont pas accès aux toilettes. Misère, saleté, pollution, les maux de Bombay souffrent d’excroissance: la ville produit 6000 tonnes de déchets par jour et comptera 28 millions d’habitants en 2015.


L’expérience du train raconte certainement le mieux cette ville et ses contrastes exagérés à la limite du crédible. Avec 6,3 millions d’usagers quotidiens, le service ferroviaire de Bombay est un pilier crucial de la ville. Aux heures de pointe, qui semblent parfois s’étendre à toute la journée, le pugilat collectif provoqué par l’arrivée d’un train laisse bouche bée. En quelques secondes, certains se jettent du train encore en marche, percutant sur le quai ceux qui, un instant après, joueront du coude (« jouer » n’est pas exactement le mot), de l’épaule et de l’insulte pour s’engouffrer dans la gueule de ces grosses boîtes de sardines roulantes. Ayant par miracle réussis à faire partie des sardines élues, nous pensions avoir survécu à une répétition de ce que serait une descente en Enfer. Notre surprise fut d’autant plus grande en voyant les Indiens sourire comme l’on sourit après un match de foot un peu viril. Pour les retardataires, les téméraires et les bucoliques, faire le voyage entre deux wagons ou sur le toit fait aussi partie des options. Ces trains, et leurs portes toujours grand ouvertes, sont peut-être la seule source d’évasion des Mumbaikars : y passant la tête pour se la vider, ils toisent leur ville d’un regard distrait, leurs visages fouettés par le vent, les oreilles bercées par les grincements de la machine. Pour un temps, ils parviennent à s’isoler de l’inhumanité de Bombay, faisant naître une nouvelle fleur au milieu des gravats.



L’inébranlable sérénité des Indiens, leur spontanéité joviale, sont une grande leçon. De même peut-on souhaiter qu’ils apprennent à vaincre les fléaux que sont l’insalubrité, les pollutions sonores et olfactives ou surtout le manque d’infrastructures.

De ce marasme, nous parvenons tant bien que mal à dessiner un cadre de vie, avec nos habitudes et interactions quotidiennes avec les commerçants du coin. Si la traversée de rue était une discipline olympique, nous pourrions d’ailleurs aisément représenter la France. Nécessitant agilité, réflexes affûtés mais surtout une grande foi et une absence de peur de la mort, nous avons finalement appris à pénétrer la foire multidirectionnelle des taxis, bus, voitures, motos et vélos. Pour vous faire une idée, cela revient à peu près à traverser à pied une piste de ski à l’heure où les télésièges vont fermer. Bien que cela puisse paraître étrange, l’épreuve nous procure souvent adrénaline et satisfaction. Un signe de notre transformation en Mumbaikars ?

mardi 19 février 2008


Nous voilà revenus d’Alibag, petite ville côtière (environ 30'000 habitants) à quelques kilomètres au sud de Bombay. C’est dans cette région que la communauté Bene Israel s’est installée il y a plus de deux mille ans. Jusqu’aux années 60, des centaines de familles y vivaient encore, mais de nos jours, on peut les compter sur les doigts de la main.


Le bateau qui part de la pointe sud de Bombay met une petite heure à atteindre les kilomètres de plages du Konkan. Quittant le tumulte citadin, d’aucun pourrait espérer renouer avec les charmes de la vie de campagne. Pourtant, illustrant certainement l’évolution fulgurante de l’Inde, Alibag n’offre ces délices qu’en partie. La ville ressemble à une paisible bourgade rurale brutalement réveillée par une urbanisation furieuse. Les superbes palmiers, les belles maisons en ruine, les plages adjacentes et les quelques chemins de terre contrastent avec les échoppes modernes, le ballet de motos et scooters ou encore les innombrables fils électriques dessinant dans le ciel de véritables toiles d’araignée. Cette juxtaposition dérangeante s’incarne le plus tristement dans ces centaines d’animaux (vaches, chèvres, chiens…) qui se nourrissent des déchets accumulés au fil des rues. Plutôt qu’une sensation continue, Alibag fait constamment passer le visiteur du bonheur à la consternation.

Pas de quoi, en tout cas, freiner notre « indianisation ». Pour les plats en sauce notamment, les Indiens préfèrent manger avec leurs mains. Ainsi avons-nous appris à (1) mélanger riz et sauce pour obtenir un ensemble ni trop sec ni trop liquide, (2) nous saisir d’une portion dans le creux des doigts, (3) approcher de la bouche et propulser ladite portion à l’aide du pouce. Bien exécutée, cette technique doit laisser la paume absolument propre. Nous essayons également d’utiliser les quelques mots de maharati (la langue parlée dans la région de Bombay) que Savitri nous apprend. Mais ce n’est pas avec nos quelques atcha (d’accord), tshelo (allons-y), danyavad (merci) et aneek ek menu (un autre menu) que nous créons l’illusion. Impossible de ne pas remarquer tous ces yeux qui nous dévisagent, souvent avec surprise, quelques fois avec affabilité et rarement avec indifférence.

Cinq familles juives vivent encore à Alibag, un chiffre dérisoire pour une ville dont une des rues s’appelle toujours « Israel Lane » et où plusieurs maisons et échoppes sont encore ornées d’étoiles de David. À la synagogue Magen Abot, un minyan (assemblée d’au moins dix hommes juifs) ne peut être constitué que pour les grandes fêtes, et les jours de semaine, le hazzan prie seul. La première fois que nous avons vu Jacob Elijah Dandekar, petit monsieur de 74 ans aux yeux pétillants, il récitait debout les prières du matin, face à l’arche contenant les Sefer Torah, un thalit lui couvrant tête et épaules. Nul autre n’était là pour chanter avec lui, seuls les klaxons et rythmiques Bolywoodiennes s’invitaient par les fenêtres grand ouvertes. La sensation, au-delà de sa force, était étrange : assistions-nous à la rémanence sublime d’un judaïsme enraciné dans cette région verdoyante de l’Inde, ou étions-nous dans l’antichambre macabre d’une communauté sur le point de disparaître ? Sans notre décision d’assister à la prière du samedi matin, le hazzan Dandekar serait demeuré seul avec sa foi.


Venu le vendredi soir avec ses deux fils, Levi David est le sho’het de la commauté, celui qui tue les animaux selon les règles de la casheroute : l’animal doit être vidé de son sang avec un minimum de souffrances. C’est tôt le matin, tandis que la ville était encore plongée dans la lumière diffuse de l’aurore, que le sho’het David a égorgé sous nos yeux un agneau et trois poules. Rituel difficile à regarder mais rendu plus doux par ses explications et la bonhomie de l’homme.
Dimanche, un moto-rickshaw nous a conduit à Khandala, lieu sacré, tant pour les Bene Israel que pour les Hindous. Il s’y trouve un rocher noir marqué de traces qui auraient été laissées par le chariot de feu du prophète Elie. Quelques minutes après nous, un groupe de Bene Israel arrivait de Bombay pour leur Malida annuelle. Nous avons donc eu la chance de filmer un rituel consistant à verser l’eau d’une noix de coco sur lesdites traces puis à y déposer des fleurs de jasmin.

Plus tard, nous nous sommes rendus au cimetière Bene Israel de Navgaon, le plus vieux en Inde, où s’élève une pierre commémorant les ancêtres de la communauté. D’après la légende, c’est là que les survivants du naufrage se seraient établis et seraient enterrés. Mal entretenu, le cimetière n’est presque plus utilisé, peu de Juifs vivant encore dans la région. Dans un pays où l’on incinère ses morts, ces pierres tombales, mêlant inscriptions en hébreu et maharati, constituent néanmoins un témoignage émouvant de la présence des Bene Israel en Inde.


Lundi matin, alors que le bateau nous ramenais vers Bombay, l’éternelle brume de la mer d’Arabie semblait s’être dissipée. Cette semaine nous nous rendrons à Thane, une banlieue de Bombay, où se trouve la plus grande concentration actuelle de Bene Israel (environ 1500 personnes).

mardi 12 février 2008


Voilà une semaine que nous sommes arrivés en Inde. Une semaine riche en sensations et émotions, longue comme un mois, fatigante aussi. Évoluer dans Bombay* requiert une certaine élasticité des sens : à croire que le vacarme des klaxons, le tourbillon des odeurs, le bouquet d’épices fleurissant les mets locaux, et l’incessante agitation générale sont autant d’offrandes faites par les 15 millions d’habitants de la ville à un éventuel Dieu du Chaos ! Pourtant, cette déferlante de vie est enivrante à souhait. Rien de tel qu’une ballade à pied pour se laisser subjuguer par les marg (souk en hindi) débordants de monde comme de couleurs, faire une pause chaï (thé bouilli dans du lait avec sucre et épices) en observant des chèvres faire une sieste, ou tenter de se frayer un chemin dans la fourmilière de taxis jaunes et noirs.
Indéniablement, notre adaptation à Bombay a été facilitée par Savitri, notre ingé’ son et coordinatrice de production, qui, depuis le premier soir, nous guide avec enthousiasme et intelligence dans sa ville natale.


Nous louons une chambre dans une résidence située derrière la Magen David Synagogue, un bel édifice bleu pastel, légèrement délabré mais à la simplicité apaisante. Les deux bâtiments sont au cœur du quartier à majorité musulmane de Byculla et presque tous les soirs, des fidèles de Mahomet se marient derrière le temple juif.
Cette première semaine a été consacrée à la rencontre des personnes dont nous avions déjà les contacts, principalement des leaders de la communauté et des membres d’organisations juives internationales:

  • Sharon et Sharona Garsulkar nous ont invité à fêter shabbat chez eux, pour les kiddush du vendredi soir et samedi midi. Parents de deux petites filles de 4 et 2 ans, ils sont inquiets pour leur avenir. Ayant tous deux étudié dans des yeshivot en Israël, ils sont très pratiquants et ne pensent pas que leurs filles pourront bénéficier d’une éducation religieuse adéquate en Inde.
  • Ralphy Jhirad, homme d’affaires influent, croit au contraire que les Bene Israel restés en Inde ont fait le bon choix, alors que leur pays devient un des moteurs économiques du monde. Il nous a invité au mariage de sa nièce, ce qui fût pour nous l’occasion d’assister à un étonnant mélange de coutumes juives et de culture indienne.

  • Dans la synagogue Shaar Harahamim, la plus vieille de Bombay (1796),nous avons participé à une Malida. Lors de cette cérémonie typiquement Bene Israel, on célèbre le prophète Elie en partageant un plateau de fruits et de riz sucré. L’intendant de la synagogue, Elis Salomon, nous a parlé de ses amis Hindous et Musulmans et de son attachement à l’Inde.

  • L’Organisation for Rehabilitation through Training (O.R.T.) et le Joint Distribution Committee (J.D.C.) sont deux organismes américains dont le but est de développer des programmes éducatifs et culturels pour la communauté juive. Malgré quelques jeunes Bene Israel, ce sont essentiellement des personnes âgées qui répondent présent à leurs invitations.


Émouvants et enrichissants, ces premiers pas ont ouvert la voie à de nouvelles rencontres. Dès mercredi, nous prendrons le bateau pour Alibag, village près duquel ont naufragé les ancêtres des Bene Israel.


* Mumbai depuis 1995.